Peinture et grattage sur photographies, 24 x 32 cm, 2020
Devant vous, des images en noir et blanc. Des fonds marins vidés de leurs couleurs. Des coraux dont les reliefs ont été soulignés, creusés, grattés. La photographie est sculptée par l’artiste Raphaëlle Peria qui donne à voir la richesse de cette flore aquatique si belle par ses formes – mais où sont ses couleurs ? Des fantômes étranges, roses et verts, aux couleurs éclatantes, flottent sur ces images. Ces spectres peints, qui recouvrent les coraux blancs, sont des voleurs. Créés par nous, ils ont aspiré la couleur des coraux. Ils ont provoqué leur mort. Ils évoquent le septième continent, monstre de plastique qui dérive au gré des vents et des courants sur les océans, tuant la faune et la flore. C’est tout un monde que le quotidien et nos habitudes de consommation effacent de nos mémoires et que l’artiste révèle par le contraste magnifique et tragique du noir et blanc avec la couleur. 1111Ces méduses mortifères, inanimées, rappellent aussi le réchauffement climatique. Les photographies ont été prises dans des aquariums, espaces donnant accès à des échantillons flamboyants et artificiels, illusoires, de nature. Or, c’est souvent la pêche de masse qui fournit les aquariums, détruisant les écosystèmes en prélevant les poissons d’eau chaude. 1111Après avoir travaillé sur les ruines d’Ephèse et d’Angkor, après avoir cherché des plantes disparues dans les marécages du nord de la France, Raphaëlle Peria propose une réflexion sur une flore marine qui s’estompe, s’efface. Les fantômes chatoyants que nous créons valent-ils cette dévastation ?